C’est en 2008 que l’ancien ministre des Finances, Jim Flaherty, a mis sur pied le régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI), lui-même père d’un enfant déficient. Monsieur Flaherty espérait que son fils puisse continuer de jouir d’une belle qualité de vie s’il advenait que plus personne ne puisse prendre soin de lui.

Pourtant, dix ans après sa création, le REEI est peu utilisé. Au Québec, on compterait environ 1,5 million de personnes ayant une incapacité. Sur ce nombre, 125 000 auraient un handicap suffisamment grave pour y avoir droit. Pourtant, en 2016, seulement 16 000 personnes détenaient un REEI. Et ce n’est pas parce qu’il n’est pas avantageux, bien au contraire ! Il n’est tout simplement pas connu de la population.

 

Comment ça fonctionne ?

Le REEI fonctionne semblablement comme les autres régimes enregistrés d’épargne tels que le REER (pour la retraite) ou le REEE (pour les études). Ce qui le rend intéressant est que le gouvernement permet de gonfler les économies grâce à la SCEI (subvention canadienne pour l’épargne-invalidité). Plus vous cotisez, plus cette dernière sera généreuse. Aussi, les familles à faible revenu peuvent avoir droit au BCEI (bon canadien pour l’épargne-invalidité).

Chaque année, la personne handicapée, son parent ou son représentant légal peut cotiser au régime comme bon lui semble. Par contre, un maximum de 200 000 $ à vie est autorisé. On peut y verser de l’argent jusqu’à la fin de l’année où le bénéficiaire atteint 59 ans. À noter que les cotisations ne sont pas déductibles d’impôt et ne sont pas imposables au retrait. Par contre, les revenus de placement ainsi que les bons et subventions reçus par le gouvernement doivent être déclarés, puisqu’ils sont considérés comme un revenu imposable. Mais, bien sûr, puisqu’une personne jugée invalide par l’état a habituellement peu de revenus, il est rare qu’elle doive remettre des sommes au gouvernement.

 

Pour qui ?

Pour pouvoir détenir un REEI, le bénéficiaire doit répondre à certains critères : résider au Canada, posséder un numéro d’assurance sociale, avoir moins de 60 ans et être admissible au crédit d’impôt pour personnes handicapées. C’est cette dernière étape qui est plus contraignante. En effet, ce n’est pas parce qu’une personne est handicapée ou déficiente qu’elle y a droit. Les cas sont étudiés individuellement par le gouvernement fédéral. Pour ce faire, il faut remplir le formulaire T2201 (disponible en ligne) dans lequel, entre autres, un professionnel de la santé doit attester que la déficience (ou le handicap) est grave et prolongée. Les étapes peuvent être longues, mais il ne faut pas se décourager : elles valent la peine.

 

Bon à savoir !

Il est possible de retirer de l’argent du REEI en tout temps. Par contre, le gouvernement insiste pour que les bons et subventions qui ont été versés dans le REEI restent au moins dix ans dans ce dernier, puisque ces fonds sont remis pour aider le bénéficiaire à épargne à long terme. Alors, si ce dernier veut retirer de l’argent avant cette période, il faudra rembourser en partie ou en totalité ces montants.

Et s’il advenait que la personne qui détient le REEI décède, les fonds seront versés à sa succession. À noter que sur le site du gouvernement du Canada se trouve un calculateur d’épargne REEI qui peut vous aider à estimer l’évolution au fil du temps du capital investi ainsi que les subventions et bons qui pourraient bonifier votre épargne. Pratique !

 

Un programme antistress

Économiquement parlant, le REEI est bien sûr avantageux. Mais ses qualités vont bien au-delà de son aspect financier : il allège le fardeau des familles. Grâce à lui, des parents sont moins inquiets de l’avenir de leur enfant différent et des adultes aux prises avec un handicap voient le futur d’un œil plus rassurant. Et ça, ça n’a pas de prix.